Contexte du recrutement et définition de poste :
Contexte du stage
Les invasions biologiques constituent une menace majeure pour la biodiversité mondiale, entrainant souvent des changements irréversibles dans la biodiversité indigène et le fonctionnement des écosystèmes. Les écrevisses sont reconnues pour fortement impacter et modifier les écosystèmes dans lesquels elles s’installent. Leur polytrophie leur permet d’exploiter une diversité notamment de ressources alimentaires, ce qui les rend si efficaces à coloniser de nombreux et nouveaux milieux. Faxonius rusticus est une des espèces d’écrevisse les plus étudiés et partout où elle est présente, elle est reconnue comme l’une des écrevisses les plus invasives au monde. Elle modifie fortement les communautés en place et induit une réduction de l’abondance des espèces via une compétition directe ou indirecte, à différents échelons de la chaîne trophique.
Fin août 2023, il a été découvert une nouvelle espèce exotique envahissante dans la rivière Aveyron, l’Ecrevisse à taches rouges (Faxonius rusticus). Son aire de répartition s’étend sur environ 12km de cette rivière, dont une partie est incluse dans le site Natura 2000 FR 7301631 « Vallée de l’Aveyron ». Cette écrevisse a été découverte pour la 1ère fois en France et en Europe dans le département de l’Aveyron, sur un petit ruisseau du bassin de la Briane, en septembre 2019. Les 2 populations sont spatialement disjointes, indiquant qu’elles proviennent de 2 lâchers d’individus différents. Depuis 2019, des études ont été réalisées afin de mieux connaître l’aire de répartition, le cycle biologique, les habitats ou encore la niche alimentaire. Les résultats d’éradication/diminution de la population initialement découverte sur le petit ruisseau étaient positifs, avant la découverte en 2023 de la population sur une plus grande rivière, l’Aveyron en aval de Rodez, amenant à redéfinir les objectifs d’étude.
La gestion durable des espaces naturels d’intérêt communautaire est l’objectif prioritaire du réseau Natura 2000. L’accent est mis sur la préservation des habitats et le maintien d’un bon état de conservation des espèces d’intérêt communautaire. Les espèces exotiques envahissantes constituent une des principales menaces qui pèsent sur les espèces patrimoniales et la biodiversité. Le site Natura 2000 « Vallée de l’Aveyron » dispose de diverses espèces aquatiques d’intérêt communautaire. Une des actions du document d’objectif de ce site Natura 2000 est de mieux connaître l’impact des espèces invasives sur les autres espèces et le fonctionnement du site. Les impacts de ces espèces invasives peuvent être de 2 ordres.
Direct, elles impactent le réseau trophique et les niches alimentaires des autres espèces, pouvant occasionner de la prédation, des exclusions compétitives voire a minima une forte compétition. La grande majorité des études s’intéressant à la niche alimentaire, notamment des écrevisses, emploient les isotopes stables du carbone et de l’azote, afin de tracer la position trophique, l’étendue de la niche, le régime alimentaire ou encore leur chevauchement. De récents outils statistiques permettent d’affiner les résultats sur à la fois l’effet de covariables et la sélection de proies, ainsi que la largeur et le chevauchement des niches.
Indirect, elles sectionnent les herbiers aquatiques, sans les consommer. Pour révéler ces impacts, soit des suivis de terrain sont réalisés ou bien des images aériennes sont employées.
En plus des impacts qu’elle occasionne, le front de colonisation et la progression de l’espèce interroge sur la rivière Aveyron. Aux Etats-Unis, l’espèce est connue pour coloniser jusqu’à 13,5km par an. Diverses méthodes de capture ont été comparé en 2024, et la pêche électrique s’est révélée la plus efficace pour parvenir à capturer les différentes classes de taille, ainsi que des individus marginaux. Sur le front de colonisation de la rivière Aveyron, F. rusticus se retrouve en sympatrie avec une autre espèce d’écrevisse hautement invasive, Pacifastacus leniusculus, ce qui pourrait freiner sa progression.
Objectif du stage et missions à réaliser
Les principaux objectifs du stage sont l’étude :
1. de l’impact sur l’écosystème et les espèces d’intérêt communautaire à travers les valeurs isotopiques de l’azote et du carbone (niveau trophique, sources d’alimentation, étendue, chevauchement ou domination) en sympatrie et allopatrie,
2. de l’effet sur les herbiers de macrophytes à l’aide de photographies aériennes prises par drone
3. et de l’évolution des densités dans l’espace et le temps.
La ou le stagiaire devra tout d’abord s’imprégner des expérimentations menées de 2019 à 2025 et mieux connaître l’espèce à l’aide d’articles ou rapport scientifiques. Pour finir, après traitement des données, avec l’acquisition d’un recul suffisant sur la problématique, des perspectives sont attendues.
Ce stage conventionné se déroulera au sein du service scientifique de la Fédération de l’Aveyron pour la pêche et la protection du milieu aquatique.
Modalités pratiques
Durée : 6 mois, à partir de février ou mars 2026
Lieu : siège de la Fédération départementale à Rodez (12000), Moulin de la Gascarie
Indemnités de stage : selon réglementation en vigueur, avec convention obligatoire
Profil recherché :
Compétences requises
4. Connaissances en écologie des milieux aquatiques et en matière de suivis scientifiques
5. Bonne maîtrise des outils informatiques et SIG : Excel, Word, QGIS…
6. Analyses statistiques : logiciel R
Profil recherché
7. Fin de cycle Master ou ingénieur, avec compétences indispensables en hydrobiologie et biostatistiques
8. Rigueur d’organisation, autonomie et qualités relationnelles
9. Très bonnes capacités d’analyses et de synthèse
10. Goût pour le travail sur le terrain
11. Permis B indispensable
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