Un des enjeux du projet CATAMENIAPERF sera d’orienter quelques rais de lumière sur des dimensions quotidiennes ordinaires du processus récurrent des règles pour les sportives. Outre les objectifs liés à une meilleure individualisation de la préparation des athlètes au regard des fluctuations hormonales, un tel projet a pour objectif d’identifier les obstacles qui persistent quant à la simple évocation de ce phénomène. Ces entraves renvoient à des déterminants socio-culturels et nécessitent une réflexion quant à la délimitation de l’échantillon pertinent de sportives auprès desquelles recueillir non seulement des données biologiques mais également des caractéristiques sociologiques. Il s’agira donc de mettre en œuvre un protocole de suivi sur deux années portant conjointement sur des aspects biologiques et sociologiques, tout en envisageant les possibilités de croisement de leurs perspectives. L’appréciation des effets du cycle menstruel sur la pratique d’un sport à haut niveau requiert en effet de suivre des paramètres multiples – fatigue, somnolence, sommeil, cycle activité-repos, nutrition, stress, humeur, symptômes menstruels, blessures, environnement familial, âge, origine sociale, formation scolaire, niveau de compétition, horaires des entraînements, etc. – ou s’entremêlent le biologique et le sociologique.
Cette gageure n’est concevable qu’avec l’assentiment des sportives bien sûr, mais aussi de leur entourage mobilisé vers la production de la performance : entraîneur(e)s, staff médical, direction technique nationale des fédérations concernées, éventuellement parents pour les mineures. Dans la perspective biologique, cela requerra la mise en place d’un protocole rigoureux de recueil du consentement des participantes au projet. La collecte des données comportementales (performances, cycle veille-sommeil, durée et horaires de sommeil, date de début et fin des menstruations, questionnaires divers sur l’humeur, le stress, la motivation, l’anxiété, la dépression, etc.) fera l’objet d’un protocole d’expérimentation humaine qui sera présenté à un comité d’éthique, voire un comité de protection des personnes impliquées dans la recherche biomédicale (CPP) si nécessaire. À la suite de cela, le recueil du consentement éclairé des participantes aura lieu. Ces étapes constituent les premiers verrous, règlementaires, à lever.
Assurer des modalités de recueil des informations garantissant la mise en œuvre éthique de la recherche aux personnes y participant est une condition nécessaire, mais pas suffisante pour obtenir leur acceptation de s’exprimer sur un sujet suscitant encore des préventions variables selon les milieux sociaux, les croyances religieuses, l’âge des sportives, touchant à leur intimité, engageant des représentations de l’hygiène encore entourées de préjugés dépréciatifs. La levée d’un tel verrou impliquera d’obtenir la confiance des athlètes pour recueillir des témoignages précis.
En termes d’effets attendus, le projet CATAMENIAPERF permettra de diffuser des connaissances auprès des athlètes pour mieux gérer leur entraînement au cours de leur cycle menstruel et être autonomes. Au-delà, l’objectif est d’éviter de n’être qu’une expertise technique, une sorte de monitoring à l’usage d’équipes d’athlètes féminines ou d’ingénieurs spécialisés en préparation de la performance pour être davantage un projet visant des avancées extensibles (i.e., un programme permettant de transposer des résultats apportés par une expérience dans un but d’opérationnalité plus large).
Les enjeux se situent donc sur un plan scientifique et social dès lors qu’ils permettent d’envisager des conditions d’adaptabilité des résultats à toutes les pratiques sportives féminines, quel qu’en soit le niveau, afin de penser une méthodologie et des prescriptions d’entraînement optimales et individualisées.
Contexte de travail
Le/ la doctorant.e sera dirigé.e par Claude Gronfier, chronobiologiste et neurobiologiste, chargé de recherche à l’INSERM au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (CNRL, INSERM U 1028, CNRS UMR 5292) et Olivier Le Noé, sociologue, professeur à l'Université Paris-Nanterre, directeur de l'Institut des Sciences sociales du Politique (ISP, UMR 7220, CNRS, ENS Paris Saclay, Université Paris Nanterre).
Au sein du CRNL où Claude Gronfier dirige le groupe Chronobiologie dans l’équipe Waking actuelle, une des thématiques de recherche traite des rythmes circadiens et du sommeil. L’expertise et les ressources disponibles concernent la physiologie humaine, en particulier la neurophysiologie du sommeil et des rythmes biologiques (ultradiens, circadiens et menstruels), la cognition et l’humeur, chez l’humain sain et pathologique, via des approches fondamentales et épidémiologiques. Le/la doctorant(e) aura accès à l’expertise d’un spécialiste de la fertilité et du cycles menstruel (René Ecochard, collaborateur, Professeur de Médecine et de biostatistiques). Un poste de travail sera aussi disponible.
À l’ISP, outre le poste de travail et le bureau partagé à disposition, le/la doctorant(e) pourra envisager des coopérations avec le pôle traitement des données, composé d’un ingénieur de recherche et d’une ingénieure d’étude, et de la présence de la Plateforme Universitaire de Données de Nanterre. Au sein de l’ISP, un axe de recherche dans le projet de l’unité pour le contrat 2026-2030 traite des objets « Corps, sport, santé ». Il est composé d’une douzaine de chercheurs issus de différentes disciplines des sciences sociales.
Le rôle du/de la doctorant(e) consistera à élaborer en détail et à mettre en œuvre les dispositifs de collecte des données. Il/elle les analysera avec le concours des directeurs de thèse, en bénéficiant des écosystèmes de chacun de leurs laboratoires de recherche. La conduite de ce travail nécessitera des compétences variées pour couvrir les différents besoins du projet : endocrinologie avec des connaissances sur les hormones féminines, myologie, nutrition, récupération et sommeil, analyse de données sportives, sciences sociales. Dans la mesure où il est peu vraisemblable que la personne retenue pour réaliser cette thèse maîtrise déjà une gamme aussi variée de connaissances, la réalisation de son travail doctoral sera une opportunité d’élargissement de sa formation dépassant le cadre disciplinaire de son parcours antérieur.
De façon plus précise, le travail du/de la doctorant(e) correspondra à la mise en place de suivis longitudinaux, destinés à suivre les participantes et évaluer non pas leurs performances au regard de données absolues mais relatives, au cours du temps (chaque participante étant son propre contrôle). En s’appuyant sur les phases d’entraînement, au moyen de répétitions de séances normalisées, de tests physiques standardisés, chaque participante pourra effectuer son propre contrôle, ce qui permettra de mettre en relation le cycle menstruel individuel (sa phase) avec des données de performances individuelles (normalisées – par exemple le poids, la fréquence cardiaque, l’humeur, la motivation, etc., en % en référence à un point commun à toutes dans le temps, tel que par exemple le 1er jour des règles du 1er cycle). La personne aura aussi en charge l’élaboration des outils de recueil des informations sociologiques, leur passation et le traitement des données ainsi collectées.
Contraintes et risques
Des déplacements de courte durée en France - notamment à Lyon au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon - et à l'étranger sont à envisager dans le cadre du travail d'enquête, de la participation à des réunions de travail et à des manifestations scientifiques.
Idéalement, le/la candidat.e. disposera d’une formation en sciences biologiques et en sciences sociales. Une connaissance déjà éprouvée du milieu du sport de compétition sera particulièrement appréciée. Une expérience dans la conduite d’entretiens et dans la mise en œuvre de protocoles d’expérimentation sera également bienvenue. Il/elle devra également maîtriser l’anglais.
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