"Le retour des adultes français adoptés en Éthiopie". Un territoire oublié peut-il encore appartenir à celles et ceux qui y l’ont un jour habité ? Ce projet de thèse propose d’analyser par le prisme d’une double approche géographique et émotionnelle, les mobilités et les modalités de retour des adultes français adoptés en Éthiopie. En effet, dans un double contexte de déclin des adoptions internationales dans le monde et de la montée en puissance d’un sentiment d’appartenance à un groupe social spécifique qui se réclame d’identités plurielles, certains adultes adoptés désirent retourner en Éthiopie. Ce désir, parfois socialement construit par des injonctions de la part de personnes non-adoptées à renouer contact avec son pays de naissance, se matérialise alors par la réalisation de séjours, souvent en complément de démarches juridiques d’accès aux dossiers d’adoption. Or, loin d’être de simples retrouvailles avec une terre natale, ces déplacements sont des expériences spatiales, affectives et politiques à part entière, marquées par des tensions entre ancrage et étrangeté, appartenance et altérité. Ce projet propose d’interroger ces mobilités à travers trois axes. Le premier s’intéresse aux pratiques de retour sous l’angle du tourisme et de la migration, en étudiant les circuits, les acteurs et les médiations qui structurent ces déplacements. Il s’agira d’interroger les représentations et logiques spatiales qui encadrent ces mobilités ainsi que les formes de mise en scène de l’origine et de voir comment ces voyages sont impactés par les conflits en cours en Éthiopie. Le deuxième axe explore la dimension émotionnelle et mémorielle du retour, en questionnant la manière dont les adoptés (ré)investissent un territoire qu’ils n’ont pas connu ou dont ils n’ont pas le souvenir, et (re)composent leurs attachements aux lieux. Enfin, le troisième axe adoptera une perspective épistémologique et méthodologique située, en ancrant la recherche dans une démarche ethnographique construite avec et depuis les enquêtés. Cette posture vise à produire un savoir critique qui valorise les voix et les expériences des personnes concernées, en s’appuyant sur des outils d’enquête sensibles (son, récit, cartographie) et une attention fine aux interactions en situation d’enquête. Ce faisant, ce projet souhaite ainsi contribuer à l’étude critique des adoptions internationales et des mobilités de retour comme des aspects constitutifs des géographies des migrations et des mobilités internationales.
Contexte de travail
Ce projet s’inscrit dans l’axe « Mobilités et migrations de/dans la Corne de l’Afrique » du Centre français des études éthiopiennes (CFEE, UAR3137, https://www.cfee.cnrs.fr/), à Addis-Abeba, où se déploierait l’enquête de terrain. Il rejoint également les axes « Inégalités, (in)justices et résistances » et « Savoirs partagés et méthodes comparées » de l’UMR7218 LAVUE-Mosaïques basée à l’Université Paris Nanterre (https://www.lavue.cnrs.fr/). Le/la doctorant.e sera inscrit.e à l’Ecole doctorale ED395 Espaces Temps et Cultures (https://ed-etc.parisnanterre.fr/). Il/elle sera salarié.e du CNRS, via un contrat doctoral de 36 mois.
Ce contrat suppose une mobilité longue au sein du CFEE dont la durée et le calendrier seront définies en dialogue avec le ou la candidat.e.
Les travaux de thèse seront co-dirigés par Pauline GUINARD (MCF-HDR en géographie, ENS, LAVUE-Mosaïques) et Marie Bridonneau (MCF en géographie, CNRS, CFEE).
Contraintes et risques
Méthodologie : L’approche méthodologique combinera entretiens biographiques, analyse de corpus numériques (comme les publications Facebook) observation participante et enregistrement sonore. Le format podcast, envisagé comme outil d’enquête et de restitution, permettra de rendre compte des émotions du retour à travers les voix, les silences et les ambiances sonores.
Terrain : Le terrain sera essentiellement centré sur la ville d’Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie. Cette ville constitue en effet un site stratégique pour observer les interactions sociales et les logiques territoriales du retour. Mais il sera également possible de suivre des adoptés dans le cadre d’un voyage plus long dans d’autres régions du pays, si le contexte politique le permet. Une mission exploratoire serait envisagée en première année, suivie d’un séjour long en deuxième année. L’apprentissage de l’amharique est recommandé, avec un recours ponctuel à un interprète si nécessaire.
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